A découvrir /
Géologie

Géologie: les gorges du Nan

La journée 2019 de la géologie dans les Gorges du Nan

Dans le cadre de la Journée Nationale de la Géologie du 22 Avril 2019, une excursion d'une demie journée a été proposée avec l'accord de la Société Géologique de France, le support géologique de l'Association Dolomieu (asso.dolomieu@orange.fr) et l'aide de la mairie de Cognin les Gorges.
L'objectif était de faire découvrir au public la géodiversité de nos paysages.
Cette excursion portait sur la falaise urgonienne des Gorges du Nan et avait 2 objectifs :
1 – L'initiation à la tectonique locale et à son histoire régionale (Thiery Dumont)
2 – Les paléo-paysages sous-marins et l'histoire du karst (Lucie Bonvallet, Annie Arnaud Vanneau).

Les stops de la partie paléo-paysages sous-marins et du karst sont localisés sur une carte

et une photo aérienne.

Le détail des stops est indiqué dans les planches illustrant les affleurements et leurs spécificités géologiques.


Paysages sous-marins du Crétacé inférieur dans la falaise du Nan : localisation des stops

Stop 1 - Oursins irréguliers
Stop 2 - Oolites
Stop 3 - Coraux
Stop 4 - Plages
Stop 5 - Karst
Stop 6 - Séquence à Rudistes et oncolites
Stop 7 - Agriopleura (rudistes coloniaux)
Stop 8 - Tempestites
Stop 9 - Couches à Orbitolines

En cliquant sur les liens, vous accédez au document sous forme pdf.

Route de Malleval : site géologique étonnant

Voir l'image en grand Voir l'image en grand6 juin 2011 était propice à la découverte. M. et Mme Arnaud, éminents géologues, qui travaillent sur le projet géo-parc avec le Parc Naturel Régional du Vercors, avaient convié des professionnels du tourisme et des élus ou habitants de Cognin et Malleval à une visite de vulgarisation du site géologique des Gorges du Nan. Site, où depuis 1984, ils amènent les stagiaires de toutes nations.

Nous allions enfin savoir ce qu'admiraient ces groupes de tout horizon à la sortie des tunnels.

Voir l'image en grandLe début de l'explication commence à la sortie des encorbellements où l'on nous fait remarquer les falaises composées d'empilements de couches de rochers qui, comme une pile de livres, s'entassent dans les gorges et, plus généralement, dans les paysages du Vercors. Cette pile a eu la bonne idée de glisser sur le côté, comme les livres dans les étagères d'une bibliothèque, pour donner un alignement continu à environ 45°.

Puis la taille de la route dans la falaise a eu l'excellente idée de traverser intégralement toutes les couches déposées là ! La route de Malleval est donc unique dans son genre. Elle permet à hauteur d'homme de relire l'encyclopédie complète des dizaines de millions d'années qui se sont inscrites dans le rocher. C'est un véritable musée-école.

Voir l'image en grandNous remontons le temps pour nous retrouver au départ à moins 127 millions d'années, dans un climat tropical : la roche contient des fossiles d'oursins. Ces animaux ne vivent que dans les eaux chaudes, dans la vase où la nourriture en micro-organismes est abondante et à l'abri de la lumière, à une profondeur de 30 à 100 m. Le calcaire est piqueté de traces d'épines de ces animaux.

Voir l'image en grandUn peu au dessus, on nous fait remarquer des ondulations qui étaient celles de la mer où il y avait du courant et pas de vie.

Plus bas, nous observons des fossiles de crinoïdes ou lys de mer (petit animal au corps formé d'un calice fixé au fond de la mer par une tige flexible) que l'on retrouve dans le calcaire à lauze.

Voir l'image en grandEnsuite on trouve des fossiles de bryozoaires (petit animal marin vivant en colonie dans des coraux). Leur présence indique que les fonds marins étaient soumis à des courants plus importants qui amènent la nourriture à domicile.

Poursuivons notre voyage dans le temps. Le massif calcaire qui a émergé se cimente et se transforme très vite en roche de couleur rosée typique des climats secs : c'est la marmorisation.

Voir l'image en grandPuis, nous observons un calcaire oolithique (qui contient des oolithes : petites concrétions calcaires sphériques) qui indique une nouvelle montée des eaux. On retrouve actuellement ces oolithes sur les barres sableuses des milieux chauds type Maldives ou Bahamas. De nombreux fossiles de rudistes (mollusques qui colonisent les récifs) nous indiquent un développement de type lagon.

Après une pause repas (pour ceux qui l'avait prévue !), nous nous intéressons aux grottes visibles de la route, celles-ci sont typiques des massifs Karstiques. L'un des composants du calcaire se dissout, permettant l'infiltration de l'eau donnant parfois naissance à ces cavités.

Revenons aux paysages de rêve, nous sommes à la limite des terres émergées, juste sur la bande de sable où vos pas s'impriment : elle est inscrite dans la falaise, marquée de trace de grains de sable. La tempête sévit : une couche distincte s'inscrit à nouveau dans le calcaire. Se succèdent ainsi plusieurs couches, plage-tempête (entre les repères 26 et 27 de la route).

Enfin nous voici au niveau zéro à l'approche du tunnel, nous sommes au niveau de l'épi karst littoral, les microcavités de ce massif karstique sont remplies de dolomie (sédiments).

Ensuite nous constatons une nouvelle immersion, au vue du remplissage des cavités.

Et voilà, c'est comme si nous avions décrypté les pages du premier livre.

Toutes ces observations géologiques ont des applications pratiques, puisque les mêmes couches, au Moyen Orient, regorgent de pétrole.

Si le Vercors avait droit à son classement géologique, il est sûr que cette route en serait l'un des fleurons. C'est déjà l'une des montées cyclistes des plus prisées du massif... voilà une route qui ne cache pas ses atouts à qui sait voir la roche !

Notre petit cours de géologie s'est finalement conclu vers 17h devant le verre de l'amitié.